Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

lundi 21 mars 2016

Aux animaux la guerre, N.Mathieu, Actes Sud

Parce que Fabien avait apprécié ce roman, j'ai démarré avec enthousiasme. Malheureusement, celui-ci s'est tari au fil des pages. Trop de personnages, trop d'histoires ne font pas une histoire. Pourtant, il y avait matières. Peut-être aurais-je préféré que l'auteur déroule une seule bobine...

Kannjawou, L.Trouillot, Actes Sud

Kannjawou, c’est LA fête, mais c’est aussi un bar réservé aux notables de la ville et aux « représentants gouvernementaux » qui s’y retrouvent pour s’encanailler le mercredi soir, là où travaille Sophonie, une du club des « cinq ». Ce sont 5 jeunes gens qui rêvent d’avenir dans un misérable quartier, rue de l’Enterrement, proche du grand cimetière. 5 jeunes au caractère différent : Sophonie et sa sœur Joëlle ; Wodné, le rebelle, amoureux de Joëlle et les deux frères : Popol et le narrateur. Nous sommes sous l’occupation militaro-humanitaire américaine et celle des ONG planétaires (avant Papa Doc !) Les bas et les hauts quartiers ne se mélangent pas. C’est une espèce de tragédie, une fresque sociale où l’atmosphère fataliste et pessimiste est retranscrite par le narrateur : « Il faut consigner les choses du temps qui passe. Un jour, tu ne seras plus là. Le présent deviendra passé. Et il mourra si personne ne note quelque part ce qui fut et ce qui ne fut pas » dixit man Jeanne. « Quand tu ne sais comment tu vas finir le jour, il n’y a dans ta vie ni hier ni demain, ni rêve ni mémoire. »Mais, en fait, qu’est-ce qu’être ? Très belle écriture qui accapare le lecteur !

Promesse, Les enquêtes du département V, J.Adler-Olsen, Albin Michel

Au Département V de la Crim, c’est toujours sur une affaire classée (cold case) qu’enquêtent Carl Mørk et sa petite équipe, relégués dans les sous-sols du bâtiment. Cette fois, il s’agit d’une banale affaire d’accident : la fin tragique d’Alberte, 19 ans, tuée par un chauffard en délit de fuite, 17 ans plus tôt. L’enquête démarre très lentement et les indices viennent au goutte à goutte, mais on connaît la volonté, la détermination, l’obstination de Mørk et de ses assistants pour clore un dossier ; du moins pour ceux qui lisent Adler Olsen depuis sa première enquête (on en est à la 6ème !) On appréciera alors d’autant plus les personnages, leur personnalité, leur caractère et leurs vieux démons. Si l’enquête est bouclée, il n’en reste pas moins que certains « petits » secrets personnels restent encore bien cachés. Un réel plaisir à chaque fois !

Histoire d'un escargot qui découvrit l'importance de la lenteur, L.Sepulveda, Métailié

Si un jour, un de mes petits-fils me demandait : « Pourquoi l’escargot est-il si lent ? » Je lui lirais ou je lui raconterais cette très belle fable (conte) de Sepùlveda.

samedi 12 mars 2016

Hubert, B.Gijsemans, Dargaud

Fabien m'avait dit la maîtrise du dessin mais un petit quelque chose qui manque sur la fin. Moi, je dirais que c'est un univers dans lequel on entre... ou pas. 

vendredi 11 mars 2016

La civilisation du spectacle, M.Vargas Llosa, Gallimard

Parfois, je me suis dit qu'il était vieux et avec son âge une pensée de vieux. Parfois, le début de sa pensée ne me plaisait pas puis, déroulant le fil, je comprenais mieux. La reproduction d'articles datant des années 90 alors que la société change si vite, je n'ai pas toujours trouvé cela judicieux. 
Mais, franchement, le tout me fait réfléchir, affermir ma pensée. 

lundi 7 mars 2016

La révolution n'est pas finie, Culture et émancipation, M.Gheude, Espace de libertés

Petit livre, très concis et dense dans lequel chaque phrase compte. Texte qui me fait réfléchir sur la culture, la démocratie, la liberté. Un pas de plus pour moi ?

samedi 5 mars 2016

Les délices de Tokyo, D.Sukegawa, Albin Michel

Parce que Naomi Kawase a adapté ce roman au cinéma et qu'on m'a dit beaucoup de bien du film, j'ai eu envie de lire le livre...
Malgré un style que j'ai trouvé assez pauvre, l'histoire m'a directement séduite et je suis allée au bout de cette histoire d'une traite. Cuisine, amour, humanité et... pétales de cerisier.
Je suis curieuse de voir le film ! Et je vais apprendre à ECOUTER.

Scission, P.Casacuberta, Points

« Comment peut-on survivre lorsqu’on a été surnommé Anibal par un père, historien et professeur émérite ? » Notre héros, le narrateur, historien lui aussi, n’a jamais été à la hauteur des rêves de son géniteur : ainsi Anibal le pense-t-il ! Mais le père meurt et le fils résiste à ses lamentations paranoïaques d’enfant déshérité ; il héritera néanmoins tardivement aux conditions testamentaires de son père si… ! Anibal (Hannibal) vaincu par son père « Scipion » renaît alors de ses cendres. Un récit à l’écriture fouillée, travaillée (même si c’est une traduction) et agréable malgré les nombreuses digressions, diversions, soliloques, espèces de masturbations cérébrales du narrateur, le fils, dont on partage le destin. J’ai finalement beaucoup aimé et je l’ai terminé avec une larme à l’œil !

mercredi 2 mars 2016

Sécurité renforcée, S.Doolittle, Rivages

Le bandeau en dit : "Un page-turner explosif débordant d'énergie." Harlan Coben
Moi, je réponds : Ne jamais croire ce qui est écrit sur les bandeaux... Pas de page-turner, rien d'explosif, quant à l'énergie, il m'aurait presque ôter la mienne...

L'or de Quipapa, H.Tézenas, Métailié

Pernambouc 1987, (Recife, Brésil). Suite à l’assassinat d’un syndicaliste, la famille Carvalho doit se battre contre toutes les difficultés qui viennent menacer l’immense plantation familiale et sa production d’éthanol. Corruption, trahisons, exploitation des ouvriers… tissent la trame de ce roman. Tempo rapide et sans pause : plaisir mitigé !

La théorie du grain de sable, B.Peeters et F.Schuiten, Casterman

Brüsel, juillet 784, Constant répertorie avec patience les pierres qui se matérialisent mystérieusement dans les pièces de son appartement ;  tandis que dans un immeuble voisin, une mère constate que du sable s’accumule avec régularité dans son appartement. Un peu plus loin, le patron et chef cuisinier de la brasserie « Chez Maurice » perd du poids sans maigrir pour autant. Ces faits se passent après le passage de Gholam Mortiza Khan, chef des guerriers Bugtis : le grain de sable ? Schuiten-Peeters continuent de nous plonger dans l’imaginaire et le fantastique des Cités obscures. Superbe album !

Les chemins de Compostelle T1 et 2, J.C.Servais, Dupuis

Quatre destins, quatre voyages vers Compostelle : à chacun sa voie, à chacun son chemin, à chacun ses raisons. Il y a Dominique qui part de Bretagne, Céline du Mont Saint-Michel, Alexandre de Suisse et Blanche de la Grand-Place de Bruxelles. On retrouve évidemment la ligne « Servais », qui nous fait découvrir ses personnages et paysages. Un dessin net, précis des chemins parcourus et des rencontres. Un dessin fidèle des lieux : la Grand-Place, Avioth, le Mont-Saint-Michel… Inutile de dire que j’attends de lire le 3ème tome des « Chemins ».

Lisières du corps, M.Riboulet, Verdier

Six récits brefs, six nouvelles. C’est la 4ème : « Le nom du soleil en quéchua », que j’ai appréciée le plus : la description d’une photo d’un homme, torse nu, la courbure du corps vers le chien à ses pieds, au bord d’une combe. Aucun détail n’est laissé au hasard et cela nous laisse aller à la rêverie et à l’imaginaire. La langue est travaillée et sincère, fouillée et fluide et plus poésie que prose. Du bel art !

Derrière les panneaux, il y a des hommes, J.Incardona, Finitude

Pierre a tout abandonné. Il vit dans sa voiture, sur l’autoroute, depuis six mois, quand sa vie a basculé sur une aire de repos d’une autoroute. Il attend. Quelqu’un sait, quelqu’un doit savoir et il attend. Une écriture « ping-pong », mais on devrait dire « lignes droites », ou « ellipses ; on devrait dire « circonvolutions » Phrases courtes et style saccadé ; presqu’un scénar de film. C’est du direct et c’est original !

Sous le soleil de minuit, Corto Maltese T13, J.Diaz Canales et Pellejero, Casterman

C’est comme chez Dumas, « Vingt ans après » ; on retrouve ce cher Corto mais sous le pinceau et la plume de Canales/Pellejero qui ressuscitent l’aventurier charmeur et ironique qu’on lisait dans le magazine « A suivre » en noir et blanc. 20 ans après ? Non. Depuis, j’ai relu Fables en Venise et Les balades de Corto Maltese qui m’ont fait apprécier la Sérénissime étrange et inconnue des sestiere vénitiennes. Corto n’a pas vieilli et si le scénario est toujours aussi tarabiscoté, la ligne et le dessin sont toujours aussi clairs et agréables à découvrir. Gageure réussie, je le pense ! Résurrection !

A la table des hommes, S.Germain, Albin Michel



Naissance obscure du personnage principal, mi-animal en devenir humain et surnommé Babel ; celui qui connaît la nature mais qui s’apprivoise au contact des hommes dans un univers violent et martial où merveilleux et réalisme se côtoient : c’est une mi-fable/mi-roman. « Drôle de garçon, celui-là qui se tient en lisière de l’enfance et de l’âge adulte, dans un entre-deux qui n’est pas vraiment l’adolescence, du moins partielle qu’elle-même a vécue (Zolda) et observée ensuite chez les autres. Il y a chez lui un alliage de candeur et de gravité, de douceur et de robustesse qui l’étonne. » Si l’intrique m’est restée finalement secondaire, c’est le style et la langue ciselée, aigüe, harmonieuse et travaillée de la romancière d’où sourdent émotions et sentiments qui m’ont donné le plaisir de lire !

On va déguster, F.R.Gaudry, Marabout

C’est une véritable encyclopédie culinaire que l’on picore au gré du feuilletage. Ce n’est pas qu’un livre de recettes, pas une bible, mais un merveilleux livre illustré, volumineux, que l’on pose sur une table et qu’on lit, jour après jour, avec bonheur, tant il recèle de conseils, d’anecdotes, de petites histoires, de techniques, de lexiques… C’est un livre qu’on doit laisser ouvert et qu’on épluche jour après jour pour son petit bonheur visuel et gustatif.
Merci, l’ami Fabien de me l’avoir fait découvrir ! Merveilleux livre indispensable à offrir et à s’offrir !

Casal ventoso, F.Ekelund, Gaïa

Malmö, une ville suédoise tranquille : un riche homme d’affaires est trouvé assassiné à la hache et une canule fixée dans l’œil. Vengeance, règlement de compte ? Les enquêteurs Monica et Hjalmar n’ont aucun indice mais des lettres signées H. parviennent régulièrement à Hjalmar qui font référence à leur passé des années 60/70 où musiques et drogues se mêlent. Qui est H. qui a l’air d’être au courant de leur enquête ? Encore un polar suédois bien réussi au rythme pop des groupes et des morceaux de l’époque. J’ai passé un bon moment !

Désaxé, L.Kepler, Actes Sud

Des jeunes femmes assassinées, le visage lacéré au couteau et la Riskrim qui piétine ! Un serial killer qui filme ses assassinats. La police fera appel au psychiatre Erik Maria Bark pour hypnotiser un détenu qu’il a jadis expertisé et faire (re)surgir certains souvenirs enfouis. Tout comme dans les précédents : L’hypnotiseur, Le pacte, Incurables et Le marchand de sable ; le couple Kepler nous offre une intrique implacable avec suspens et frissons garantis. Encore un excellent polar/thriller à la suédoise.