Les avis d'une libraire-lectrice

J'ai la prétention de dire que je lis, en moyenne, 4 romans par semaine. A travers ce blog, vous pourrez vérifier si je n'exagère pas car je vais y mettre tout ce que je lis : romans, albums jeunesse, BD,... Dévoré, apprécié ou vite abandonné, chaque livre fera l'objet d'un petit commentaire.

mardi 26 août 2014

Le reste de sa vie, I.Marrier, Flammarion

Après la naissance d’Albane, sa troisième fille, Délia, 34 ans, a décidé de prendre un congé parental. C’est son dernier jour comme cadre commerciale à la Xénon Inc., provider en « solutions reproductiques » pour amorcer sa nouvelle vie car, désormais, elle prendra la mesure des choses. « Aujourd’hui, tout ira bien ! » parce que finie la vie stressante de la famille/boulot/école et course contre la montre avec les enfants et un mari imbuvable, égoïste et qui ne cesse de la critiquer… mais les choses ne se passent pas toujours comme on voudrait. Chapitres courts, écriture saccadée et haletante, émotions très féminines et… des indices qui présagent du drame qui se prépare ! Quelle sera le reste de sa vie ? J’ai beaucoup aimé cette « tragédie » très bien construite.

Les autres, S.Mattiangeli, Cambourakis

En français, il s'intitule Les autres. Merci aux éditions Cambourakis de l'avoir traduit et publié car c'est un bon livre, un grand livre, sur l'humain, soi et... les autres. Pour les enfants, les adultes, les humains et... les autres.

samedi 23 août 2014

Les mots sans les choses, E.Chauvier, Allia

Partie sur ma lancée, j'ai pris le nouveau livre d'Eric Chauvier et commandé les autres. Les mots sans les choses... Un livre sur le langage et, selon moi, les mots creux. Sait-on vraiment ce qu'ils recouvrent et recouvrent-ils tous quelque chose, quand ce sont de nouveaux concepts ??? Difficile, après cette lecture, de s'exprimer sans remettre en question les mots employés... ;)

vendredi 22 août 2014

La Crise commence où finit le langage, E.Chauvier, Allia

Dans ce tout petit livre, Eric Chauvier tente de nous expliquer le rapport entre la Crise et le langage. Je dit bien "tente" car je n'ai pas tout compris. Ou plutôt, je ressens ce qu'il écrit mais ne parviens pas à l'appréhender complètement. Quoiqu'il en soit, je vais lire ces autres ouvrages et je prends pour moi ses quelques mots, sortis de leur contexte : "...Il faut renverser les termes du problème...".

jeudi 14 août 2014

Price, S.Tesich, Monsieur Toussaint Louverture

East Chicago, Indiana, début des années 60. Daniel Price a 18 ans et a l’âge de se construire un avenir mais au sortir des études, il est difficile de devenir adulte. « Je m’efforçais de survivre au présent. Et tout ce que j’avais, c’était mon avenir, et celui-ci était aux mains d’une fille que j’aimais mais que je ne connaissais pas vraiment. Ma vie et mon identité m’avaient échappé. J’avais besoin de Rachel pour me sentir exister. » L’amour passion qu’il a pour Rachel va se transformer en désespoir et amertume. Rêve et réalité, la vie et ses désillusions, comment assumer sa liberté ? Price n’est pas vraiment un roman optimiste mais le personnage Daniel comprendra que le destin n’est qu’un leurre et qu’il n’y a que la vie. Après le succès de Karoo (2012, que je n’ai pas lu !), c’est le premier roman de Tesich, paru en 1982. A découvrir, vraiment !

Et rien d'autre, J.Salter, L'Olivier

Ou plutôt Tout sauf celui-là...

mercredi 6 août 2014

Trente-six chandelles, M.S.Roger, Le Rouergue

Marie-Sabine Roger, c'est un peu comme une cousine d'Anna Gavalda ou Barbara Constantine. Des romans simples, doux, qui font du bien. Mortimer Decime aurait dû mourir le jour de son 36e anniversaire. Mais, il n'est pas mort et nous raconte son histoire, faite de récits et de personnages fantasques où l'amour et l'amitié priment.

lundi 4 août 2014

Les singuliers, A.Percin, Le Rouergue

Roman épistolaire qui nous plonge dans une époque artistiquement foisonnante dans lequel l'auteure imagine une correspondance entre deux membres de la famille Boch, en cette fin de 19e siècle. On y croise Gauguin, Toulouse-Lautrec, on y attend Van Gogh, on découvre la construction de la Tour Effeil, on vit au rythme des toiles qui se peignent,... Un texte extrêmement facile à lire, divertissant autant qu'enrichissant.

A l'orée de la nuit, C.Frazier, Grasset


C’est toujours un plaisir de redécouvrir l’art de la description des auteurs américains. Ici, le paysage devient un personnage, l’adjectif se fait verbe, la préposition dispose les choses avec précision. Charles Frazier (Retour à Cold Mountain) nous conte une Amérique des Sixties avec les germes des paradoxes qui étonneront tellement l’Européen. D’un côté, une nature proche, envoûtante, dangereuse; de l’autre le matérialisme des objets qui sentent le gazole, la rouille et la poudre. Un récit proche du triller en équilibre entre deux époques : un luxe révolu d’avant guerre et une modernité à apprivoiser ... ou à fuir, déjà.

Stubblefield apprit, à son grand désarroi, que Luce avait très peu d’argent liquide. Presque tout ce qu’on pouvait acheter avec, elle n’en voulait pas. Elle se passait aisément de tout le confort moderne, ses désirs étant surtout peu réalistes et non chiffrables en dollars.
« Ce que je désire le plus, dit Luce, c’est pouvoir imiter le chant de tous les oiseaux des environs.»
A cet instant précis, Stubblefield crut déceler une forme d’humour dont il faisait les frais.
« Et la télévision? demanda-t-il. Voilà une chose que l’argent peut acheter. Tu aimerais sans doute Paladin. Lui aussi est parfois sacrément caustique.
— J’ai la radio, répondit Luce. Et puis, reprit-elle, si on commence à trop désirer certaines choses, on a besoin de plus en plus d’argent.»

dimanche 3 août 2014

La langue des oiseaux, C.Hunzinger, Grasset

Parce qu'il y a quelque chose d'intrigant et d'étrange dans ce roman, on va jusqu'au bout. Pour, malheureusement, n'arriver à rien.

Jusqu'ici et pas au-delà, J.Meyerhoff, A.Carrière

Jusqu'à la page 100 et pas au-delà...

Le règne du vivant, A.Ferney, Actes Sud

Est-ce mon penchant écologiste qui m'a fait aimé ce livre ? Ou mon attirance pour l'écriture d'Alice Ferney ? Très probablement les deux car, ici, ils sont réunis. Un texte fort, révoltant, sur le militantisme, l'engagement pour le vivant qui n'est pas Nous, humains, stupides et cruels. Après cette lecture, on a qu'une envie : prendre la mer !!! Et plus jamais, on ne regarde la Nature comme avant...

Jacob, Jacob, V.Zenatti, L'Olivier

Jacob était beau, intelligent, jeune. Il avait l'avenir devant lui. Mais, il a été tué durant la Seconde Guerre Mondiale. Cette mort a marqué toute sa famille. Valérie Zenatti partage cette histoire avec nous. Récit poignant, émouvant, sans concession. Lu et approuvé, d'une traite !

Le manteau de Greta Garbo, N.Kaprièlian, Grasset

Loin, très loin d'un roman tel qu'il est présenté, ce texte est actuellement mon préféré de la Rentrée. Une sorte d'essai, de condensé de pensées, de réflexions, de références artistiques et cinématographiques, autour du manteau de Garbo, du vêtement en général, de l'importance qu'il a dans la vie de tous, de toutes et de chacun. Un récit passionnant, écrit par une femme érudite, un texte étrange dont on ne se lasse pas.

Pensées éparses d'un rabat-joie, A.Castel, Max Milo

Dans la lignée des Euphorismes de Grégoire, ces pensées sont parfois justes, parfois drôles, parfois rien, toujours bien écrites. Un petit cadeau facile !

Debout-Payé, Gauz, Le Nouvel Attila

Alternance de styles dans la narration, ce texte nous conte le quotidien des immigrés d'origine africaine, "condamnés" pour beaucoup à devenir vigiles. Un roman drôle, touchant, troublant qui nous renvoie également à nous, Occidentaux, blancs, bourgeois,... Et il n'y a pas de quoi être fiers.

La Chute des princes, R.Goolrick, A.Carrière

Bien que ce livre m'ait longtemps et de loin fait penser à American psycho, sans la violence, et que je l'ai pour cette raison trouvé sans grand intérêt, les deux derniers chapitres valent à eux seuls la lecture de  ce roman !!! Je vous laisse découvrir...

Un jeune homme prometteur, G.Battistella, Grasset


Le narrateur est orphelin et, après quelques placements infructueux, il est accueilli avec son frère Jeff( ?) chez Mémé, à Labat, dans les Pyrénées. Après une jeunesse assez tumultueuse et l’obtention du Bac, il part pour Paris en quête de ses origines et de sa mère amnésique placée dans une institution. Il devient pigiste et il commence à écrire. « J’étais venu au monde avec un capital de douleurs… me raconter est devenu une obsession. » Son roman sera une espèce de roman initiatique, une autofiction*. Un 1er roman abouti, à la fois « émouvant, sarcastique et cruel » !
 
* genre littéraire où l’auteur est aussi le narrateur et le personnage principal, qui se réclame cependant de la fiction : on pourrait presque dire une « autofriction ».

Le roi disait que j'étais diable, C.Dupont-Monod, Grasset

Fiction historique qui retrace la vie d’Aliénor d’Aquitaine depuis son mariage avec Louis VII jusqu’à la 2ème Croisade avant l’annulation de son mariage pour consanguinité. Si l’histoire est connue : un roi mollasson et dévot et une reine énergique et vindicative mais « maudit pays (du Nord) qui ne compte pas sur les femmes » ; le style, lui, domine avec des phrases et des chapitres courts qui donnent un rythme déjà cadencé par l’alternance des propos d’Aliénor et de Louis VII et tout cela écrit dans une langue soignée. Agréable !

Comment s'en mettre plein de poches en Asie mutante, M.Hamid, Grasset

C’est l’histoire d’un homme né pauvre et qui va faire fortune par n’importe quels moyens dans une Asie mutante (Pakistan ?) : espèce de manuel de survie et de développement personnel, une réflexion sur son monde. L’utilisation du « tu » aurait dû impliquer le lecteur puisque l’auteur s’adresse à lui (« Une vision où toi lecteur… »), mais pas vraiment distrayant et pas vraiment « un petit joyau de la littérature » (dixit la 4ème ). Ni plaisir, ni émotion ni implication de ma part !
Commentaire de la libraire : ce livre est très attendu, un peu comme Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire. Peut-être une idée des lecteurs/trices auquel il s'adresse. 

N'éteins pas la lumière, B.Minier, XO

Une lettre anonyme glissée dans la boîte aux lettres de Christine Steinmeyer, animatrice à Radio 5. A qui est-elle adressée, cette lettre qui annonce le suicide d’une jeune femme et qui accuse celle qui la reçoit ? Et c’est parti pour une « partie » de harcèlement, de manipulation, de vengeance, de haine, de jalousie… : cocktail explosif ! Vous avez envie de suspense ? Alors, vous ne pouvez pas mieux tomber parce que là, c’est de la surtension page après page. « C’était comme si elle découvrait un monde inconnu, plein d’ombres et de chausse-trappes, un monde qui avait toujours été là mais qu’elle voyait pour la première fois, qui était demeuré invisible alors même que s’y déchaînaient des forces dont elle ne soupçonnait pas l’existence. » (p. 479). A lire jusqu’au bout de la nuit, mais n’éteignez surtout pas la lumière !

La malédiction du bandit moustachu, I.Teodorescu, Gaïa


Quelque part dans un pays de l’Est, début du XXè siècle, Gheorghe Marinescu, petit bourgeois, laisse mourir de faim et de soif dans sa cave le bandit moustachu qui prend aux riches pour donner aux pauvres. Gheorghe s’empare ainsi du butin du bandit mais ce dernier, dans son dernier souffle, maudit Gheorghe et tous ses descendants jusqu’en l’an 2000. Et de fait, Gheorghe ne profitera pas longtemps de sa fortune indûment acquise, quant à ses descendants… ! Ce premier roman sous forme de saga familiale est très bien construit, dans une langue (l’auteure écrit en français) et un style clairs et enjoués avec des dialogues dans le texte qui collent aux personnages. Ce fut et ce sera sans doute pour vous, un petit régal de lecteur.
Commentaire de la libraire : je ne l'ai pas encore lu mais je suis déjà sous le charme de la couverture...